Gestion-faune synonyme de chasse

La gestion de la faune est-elle synonyme de chasse ?

Non il y a bien d’autres tâches qui font partie de la “gestion de la faune”. 

Terme bien barbare : “la gestion”. Action ou manière de gérer, d’administrer, de diriger, d’organiser quelque chose selon Larousse. Administrer : diriger, gérer des affaires publiques ou privées… Alors qu’il s’agit de trouver des moyens de coexister avec les animaux…
C’est un terme que je ne trouve pas approprié depuis bien longtemps mais c’est celui employé dans le milieu (Canton de Vaud, ONCFS, FAO, etc.). Même les jeunes formés dans l’environnement sont instruits avec ce concept (Hepia, BTA GFS, Bac Pro Gestion des milieux, etc.) et je n’ai pas trouvé d’autre terme adéquat…

L’humain dirige ce qui l’entoure (et qu’il entoure)… Il agit sur son milieu et en jouit à son bon vouloir. Cela est en train de changer certes, avec l’évolution des mentalités, mais l’espèce s’est si longtemps cru supérieure au reste du règne animal, qu’il reste encore des traces (environnementales comme mentales).  J’ai tenté de trouver une autre notion lors de mes recherche et je préfère parler de coexistence avec les animaux. Néanmoins pour se faire comprendre, il faut parler le même langage, d’où le titre de mes récents travaux.

Dans la gestion de la faune, il n’y a donc pas que le tir des animaux. Il s’agit aussi de toutes les mesures qui concernent les humains : de faire respecter les lois et les règlements sur la chasse, la faune et la flore. De prévenir et dénoncer les infractions. Le chien qui n’est pas sous le regard de son maître a des conséquences sur la faune sauvage autant que celui qui laisse des déchets sur son passage. Les milieux sont détériorés et les zones de tranquillité des animaux impactées. Ainsi l’humain est la première espèce qui doit être surveillée, guidée, informée et même sanctionnée dans certains cas.  

La gestion de la faune comporte aussi le contrôle et la surveillance des autres animaux : observer et recenser les populations ainsi que lutter contre les maladies. Celles-ci peuvent se répandre lorsque l’effectif de l’espèce dépasse les ressources à disposition dans le milieu.

À Genève, le renard n’est pas régulé car il ne cause que de très faibles dégâts à l’agriculture et donc la commission de la faune considère que cela n’est pas nécessaire. En 2017, 108 renards sont morts sous les roues des voitures et 21 pour des raisons de santé. En effet, dans le cadre de l’épidémie de gale, plusieurs dizaines d’animaux malades ont dû être éliminés par les gestionnaires pour limiter leurs souffrances. Même s’il est difficile d’imputer l’augmentation de la gale à la diminution du nombre de renards, il est admis aujourd’hui que les maladies qui se développent font partie des moyens naturels d’autorégulation intraspécifique.

La cas de la brucellose des bouquetins en Haute-Savoie peut aussi être cité. Il s’agit d’une régulation intensive qui avait fait grand bruit en 2013. Quantité de tirs avaient alors été organisés par les autorités pour diminuer la population de bouquetins – espèce protégée en France. La brucellose cause de l’arthrite qui peut être très sévère et le grand nombre d’animaux sur une petite surface favorise sa propagation au sein du troupeau. Ces tirs mandatés par le préfet avait ébranlé la population, certains parlent encore des quantités de carcasses transportées par hélicoptère à l’équarrissage. Beaucoup avaient alors réalisé l’importance de la régulation – même d’une si belle espèce emblématique de la montagne.

Ces cas montrent que, même lorsque les chasseurs n’ont pas droit de tir, il est parfois nécessaire de réduire un cheptel avant qu’il ne soit en surnombre. La quantité d’animaux qui peuvent vivre sainement sur une zone qui leur est dédiée (pas exploitée par la main humaine) est à définir. Elle peut évoluer. En 1974 lors de l’arrêt de la chasse à Genève, le cheptel de sangliers soutenable avait été fixé à 100 individus pour la totalité du canton (3’000 ha de forêts). En 2018, il est considéré que 200 sangliers peuvent se nourrir avec les ressources naturelles cantonales (6-7 sangliers/km² de forêts).

Selon la densité qui est définie pour un territoire, il faut éliminer les animaux supérieurs au nombre fixé. À Genève il fut question de suppression de la chasse mais dans les faits les animaux occasionnant des dommages (AOD) sont encore chassés.

La gestion n’est pas synonyme de chasse car il y a aussi le constat des dégâts aux cultures et leur indemnisation. Sans parler de toutes les mesures de protection des cultures, qui se cristallisées par des clôtures – outil sur lequel j’ai réalisé mon mémoire d’anthropologie.

Énormément de tâches que moi-même je n’imaginais pas avant de m’intéresser au sujet !