Ma réponse sur le vif

Par soucis de transparence et parce que je crois en ce que je dis :

Ici les mots qui me sont sortis en flots lorsque j’ai été critiquée.
Première façon d’imaginer ce que peut sentir quelqu’un qui est dénigré parce qu’il aime une pratique qui n’est pas acceptée.

Ma réponse:
 

Monsieur, j’ai bien participé à l’émission Forum sur la radio suisse romande mardi soir.

J’ai fait des études d’anthropologie oui et, ce qui vous surprendra j’en suis sûre, d’éthologie (précédées donc de biologie environnementale). J’y ai appris la violence qu’il existe dans la nature, ce qui m’a sortie de mon imaginaire construit par Walt Disney.

Dans mon intervention j’ai parlé de ce que j’ai constaté auprès des chasseurs consciencieux que j’ai rencontrés. Un respect du vivant dans son environnement.

Mes observations m’ont menée à la conclusion que les chasseurs dont on entend parler dans les médias (qui sont en question lors d’accidents ou sont néfastes pour la nature) sont des personnes qui ne respectent pas les règles législatives ainsi que les règles tacites (« l’éthique » de la chasse).

Je considère qu’il est primordial que chacun garde en tête que son approche n’est pas forcément celle de l’autre et de respecter la diversité qui existe aussi dans la nature humaine.

Chacun a sa grille de lecture et la mienne est différente de la vôtre, c’est certain. Nous n’avons probablement pas rencontré le même type de chasseurs sur notre route et nos idées ont été construites des constats que nous avons pu faire au cours de nos expériences.

En apprenant à connaître des chasseurs, je me suis rendue compte qu’ils étaient réellement passionnés par leur gibier de prédilection et que leur pratique est bien plus grande que de « flinguer » leur proie. La chasse est un tout qui dépasse largement l’acte de tir. Des savoirs-faires sont véhiculés depuis des générations et ils font partie d’un patrimoine immatériel inestimable.

Je m’efforce de ne pas juger leur activité. Qui suis-je pour choisir ce qui est bon ou mal ?
Dans la mesure où ils agissent selon des critères qui sont édictés et leur sont chers, j’essaie de saisir la complexité des faits sociaux que j’observe.

Faire rentrer la chasse dans le débat public est notre objectif commun mais notre procédé est différent.

Je ne cherche pas à défendre la chasse envers et contre tout, mais j’ai l’envie de donner des éléments de compréhension aux non-initiés pour qu’ils se positionnent en connaissance de cause, et non uniquement par ce qu’ils entendent des médias et des mouvements anti-chasses.
Je m’efforcerai donc de décrire les différentes pratiques de chasse pour que le grand public n’ait pas que le son de cloche des détracteurs et se positionnent grâce à une vue plus large que celle qui lui est donnée jusqu’ici.

Je suis engagée, oui : à développer avec les chasseurs des outils d’information pour qu’ils puissent expliquer leurs pratiques de manière à ce qu’elles soient comprises par le grand public.

Les chasseurs sont aussi des êtres sensibles doués de raison. Beaucoup ont du mal à expliquer cette passion qui les prend aux tripes et qui est difficile à faire comprendre à un non-initié – d’autant plus quand ils sont agressés par qqn qui les traite d’assassins…
Je crois qu’en permettant aux divers acteurs concernés par une pratique de chasse d’exposer leurs points de vue, des évolutions sont possibles dans les mentalités comme dans les pratiques. La gestion de la faune est différente dans chaque pays et a des conséquences sur le partage du territoire ainsi que sur les échanges entre protecteurs et chasseurs. À nous de s’unir pour trouver des solutions acceptables pour tous les partis à travers des concessions et non des conflits stériles.

Je ne pense pas que la chasse sera interdite un jour, mais plutôt que certaines pratiques vont évoluer pour répondre davantage aux attentes et besoins de notre société contemporaine.

Ainsi j’espère que nous pourrons collaborer ensemble pour que les activités réalisées dans la nature soient davantage adaptées aux réalités naturelles, sociales et économiques de notre temps. Je pense autant au ski hors-piste, à l’agriculture, aux promeneurs de chiens qu’à la chasse (et bien d’autres activités) dans mon utopie d’un monde où une cohabitation harmonieuse existera entre tous les usagers de la nature (animaux compris).

Sachez Monsieur que je ne vais pas m’épuiser à répondre à vos attaques ni à des reproches incessants concernant mon positionnement, je suis dans une démarche d’échange et ne ferait pas cas des personnes qui sont fermées au dialogue.

N’hésitez pas à diffuser cette information autour de vous.
J’ai tenté plusieurs fois de contacter les milieux naturalistes pour défendre mon modélisateur (dont des calculs simples et logiques permettent d’estimer le prix d’une gestion avec ou sans chasseurs) et les portes étaient toutes fermées. Je n’ai donc pas pu expliquer mon approche qui est double : informer sur les pratiques de chasse ce qui permettra de discuter les aspects qui ne sont plus adaptés et les faire évoluer.

Mais payée par les chasseurs, je suis considérée comme une vendue – alors que dans tous mes contrats je stipule mon droit à ne pas appliquer leurs remarques si je ne les juge pas pertinentes.

Juger ce que vous voulez, moi ce que je crois : c’est qu’entendre une scientifique qui n’est pas contre « la chasse » (entité considérée comme homogène et opaque) dérange.

Je vous rencontre volontiers pour continuer cette discussion, Monsieur, si vous êtes prêt à entendre les propos que j’ai exprimés dans ces lignes et à ne pas les rejeter en bloc.

Manue Piachaud

 

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